Page:Errico Malatesta, Articles politiques, 1979 (extraits).djvu/54

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

libératrice, de la répression et de la férocité ont la même mentalité arriérée que les juristes qui croient qu’on peut éviter le délit et moraliser le monde par le moyen des peines sévères.

La terreur, comme la guerre, réveille les sentiments ataviques de férocité encore mal couverts par le vernis de la civilisation et porte aux premiers postes les éléments mauvais qui sont dans la population. Plutôt que de servir à défendre la révolution, elle sert à la discréditer, à la rendre odieuse aux masses, et, après une période de luttes féroces, aboutit nécessairement a ce que, aujourd’hui, j’appellerai « normalisation », c’est-à-dire, à la légalisation et à la perpétuation de la tyrannie. Quel que soit le parti vainqueur, on arrive toujours à la constitution d’un gouvernement fort, lequel assure, aux uns, la paix aux dépens de la liberté, et aux autres la domination sans trop de périls.

Je sais bien que les anarchistes terroristes (si peu nombreux qu’ils soient) dénoncent toute terreur organisée, faite par ordre d’un gouvernement, par des agents payés, et voudraient que ce fût la masse qui, directement, mît à mort ses ennemis. Mais ceci ne ferait qu’aggraver la situation. La terreur peut plaire aux fanatiques mais elle convient surtout aux vrais méchants, avides d’argent et de sang. Inutile d’idéaliser la masse et de se la figurer composée uniquement d’hommes simples, qui peuvent évidemment commettre des excès, mais sont toujours animés de bonnes intentions. Les flics et les fascistes

374