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et deviennent impérieuses, de même l’anarchie ne s’instaurera que peu à peu pour s’intensifier et s’élargir toujours plus.

Il ne s’agit donc pas d’arriver à l’anarchie aujourd’hui ou demain ou dans dix siècles, mais de s’acheminer vers l’anarchie aujourd’hui, demain et toujours.

L’anarchie est l’abolition du vol et de l’oppression de l’homme par l’homme, c’est-à-dire l’abolition de la propriété individuelle et du gouvernement : l’anarchie est la destruction de la misère, de la superstition et de la haine. Donc, chaque coup porté aux institutions de la propriété individuelle et du gouvernement, est un pas vers l’anarchie, de même que chaque mensonge dévoilé, chaque parcelle d’activité humaine soustraite au contrôle de l’autorité, chaque effort tendant à élever la conscience populaire et à augmenter l’esprit de solidarité et d’initiative, ainsi qu’à égaliser les conditions.

Le problème réside dans le fait de savoir choisir la voie qui réellement nous rapproche de la réalisation de notre idéal et de ne pas confondre les véritables progrès avec ces réformes hypocrites, qui, sous prétexte d’améliorations immédiates, tendent à écarter le peuple de la lutte contre l’autorité et le capitalisme, à paralyser son action et à lui laisser espérer que quelque chose peut être obtenu de la bonté des patrons et des gouvernements. Le problème est de savoir employer la part de forces que nous

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