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sant continuait bien réellement la tradition d’Israël. L’utopie d’Israël ne consistait pas à créer un monde pour servir de compensation et de réparation à celui-ci, mais à changer les conditions de celui-ci. C’est quand ce rêve grandiose s’évanouit devant la prolongation obstinée du vieux monde et que le renouvellement prochain de l’univers ne fut plus attendu que de quelques millénaires attardés, que l’on transporta à un jugement particulier et aux destinées de l’âme individuelle ce qui jusque-là avait été entendu d’une rénovation totale et prochaine de l’humanité.

Certes, au premier coup d’œil, il semble inexplicable que les hommes du monde qui furent le plus possédés par le feu sacré de leur œuvre, un David, un Élie, un Isaïe, un Jérémie, n’aient point eu sur l’avenir de l’homme le système d’idées que nous philosophique, n’apparut qu’assez tard dans le christianisme, et ne se concilia jamais

    d’une manière bien naturelle avec l’idée primitivement chrétienne, l’idée de la résurrection.