Page:Ernest Renan - Le livre de Job, Calmann-Levy, 1860.djvu/93

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avouaient que l’homme n’est pas toujours puni durant sa vie ; mais ils soutenaient que ses crimes retombent sur ses enfants, qui, d’après les idées patriarcales sur la solidarité de la tribu, étaient en quelque sorte lui-même. L’auteur n’accepte point cette idée ; car, pour qu’une telle punition fût efficace, il faudrait que le coupable s’en aperçût : or, dans le scheol, il ne sait rien de ce qui se passe sur la terre[1]. Par moments, Job semble soulever le voile des croyances futures ; il espère que Dieu lui fera dans l’enfer une place à part, où il restera en réserve jusqu’à ce qu’il revienne à la vie[2] : il sait qu’il sera vengé, et la vive intuition des justices de l’avenir lui faisant dépasser la mort, il déclare que son squelette verra Dieu[3]. Mais ces éclairs sont toujours suivis de plus profondes ténèbres. La vieille

  1. Voir p. 60.
  2. Voir p. 58-59.
  3. Voir p. 82. Il importe d’observer que le passage souvent cité In novissimo die de terra surrecturus sum n’est point