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nous parlons, n’apparaît pas un instant, au moins dans le sens philosophique et moral que nous y donnons[1] ; la résurrection des corps n’est entrevue que de la façon la plus indécise. La mort ne réveillait aucune idée triste, quand l’homme allait à son heure rejoindre ses pères et qu’il laissait après lui de nombreux enfants. A cet égard, nulle différence n’existait entre les Hébreux et les autres peuples de la haute antiquité. L’étroit horizon qui ceignait la vie ne laissait aucune place à nos aspirations inquiètes et à notre soif d’infini. Mais toutes les idées furent troublées, quand des catastrophes comme celle de Job se racontèrent sous la tente, jusque-là pure de tels scandales. Toute la vieille

  1. Voir Isidore Cahen, Esquisse sur la philosophie du livre de Job, p. 66, en tête du volume consacré au livre de Job dans la Bible de M. Cahen. Voir dans le même ouvrage les Réflexions sur le culte des anciens Hébreux de M. Munk, en tête du volume des Nombres, et les observations de M. Cahen, dans la préface du même volume (p. i-ii, 10 et suiv., 2e édition).