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mœurs patriarcales avec tant de finesse. Le grand caractère du récit est aussi une preuve de son ancienneté ; que l’on compare à ce style admirable le ton des légendes modernes de Tobie, de Judith, d’Esther, de Daniel, on sentira la différence. Quant à l’emploi exclusif du nom de Jéhovah dans le prologue et l’épilogue, on n’en peut rien conclure contre l’authenticité de ces deux morceaux. On retrouve, en effet, le nom de Jéhovah en dehors du prologue et de l’épilogue dans les courtes formules qui marquent les changements d’interlocuteurs[1] et qui certainement n’ont pu être interpolées.

Les motifs pour repousser l’authenticité de la seconde partie du chap. xxvii[2] sont encore moins décisifs. Il est très-vrai que les principes énoncés en cet endroit par Job sont en contradiction avec ceux qu'il soutient ailleurs ; mais, ainsi que je l'ai

  1. Chap. xxxviii, 1 ; xl, 1, 3, 6 (Vulgale, xxxix, 31, 33 ; xl, 1) ; xlii, 1.
  2. Voyez de Wette, Einleitung, § 288.