Page:Ernest Renan - Le livre de Job, Calmann-Levy, 1860.djvu/56

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

çons de la critique : 1° le prologue et l’épilogue, 2" le passage qui s’étend du chap. xxvii, v. 7, jusqu’à la fin du chap. xxviii ; 3° la description du crocodile et de l’hippopotame à la fin du discours de Jéhovah ; 4° enfin le discours d’Elihou tout entier.

Il est certain que les idées du prologue et de l’épilogue sont à beaucoup d’égards en contradiction avec celles du poème. Job est présenté dans le prologue et l’épilogue comme un modèle de patience ; ses malheurs ne peuvent lui arracher un blasphème ; toutes ses paroles sont pleines d’une humble soumission à la volonté divine. Dès qu’il prend sa parabole, au contraire, c’est-à-dire dès qu’il commence à parler en vers, son langage devient arrogant, hardi, presque blasphématoire. Le prologue paraît d’une époque dévote et fortement adonnée au culte de Jéhovah ; le poëme, au contraire, suppose une très-grande liberté religieuse. L’esprit frondeur du nomade, sa religion simple et fière s’y révèlent à chaque pas ; les seuls noms de Dieu qui y figurent