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la théologie du livre de Job, si l’on excepte peut-être le discours d’Élihou, ne dépasse pas le cercle des croyances que nous trouvons chez les Hébreux avant leur contact avec l’Assyrie et la Perse. Les anges sont encore renfermés dans la notion purement sémitique des Beni-Élohim ou fils de Dieu. Les Kedoschim, Saints intercesseurs (v, 1), peuvent être aussi bien envisagés comme un reste des Élohim ou Beni-Élohim que comme un emprunt fait aux férouers de la Perse. Le Satan qui figure dans le prologue n’est nullement l’Ahrimane de l’Avesta : il ne fait rien que par l’ordre de Dieu ; c’est un ange d’un caractère plus malin que les autres, narquois et enclin à médire[1] ; ce n’est pas le génie du mal, existant et agissant par lui-même. Qu’on y réfléchisse d’ailleurs ; la considération que je combats en ce moment amènerait à placer la ré-

  1. Herder (cinquième dialogue sur la Poésie des Hébreux) a très-bien vu ceci.