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de timbre et de parallélisme qui caractérisent le passage de Jérémie font toucher du doigt le changement qui s’était déjà opéré dans la langue et l’esprit poétique de la nation à l’époque où ce prophète écrivait, c’est-à-dire dans la seconde moitié du vir siècle. Aussi n’est-il plus, je crois, un seul hébraïsant qui ne place la composition du livre de Job cent ans au moins avant la captivité, c’est-à-dire vers l’an 700[1]

Ce qui empêche en général les hébraïsants de remonter au delà, c’est le caractère de la langue du livre de Job, qui leur paraît moderne et sentant déjà le chaldaïsme des basses époques. Gesenius, surtout, a insisté sur cette considération[2] ; mais il faut avouer que les observations de ce philologue, si savant et

    librorum sacrorum interpres atque vindex. (Berlin, 1837), p. 164 et suiv.

  1. C’est l’opinion commune en Allemagne. C’est aussi en France l’opinion de M. Munk, Palestine, p. 449.
  2. Geschichte der hebräischen Sprache, p. 33 et suiv.