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Que le fleuve déborde, il ne prend pas la fuite ;
Il serait sans crainte, si le Jourdain montait à sa gueule.

Essaie-t-on de l’attaquer en face,
De le prendre dans des filets, de lui percer le nez[1] ?



    Tireras-tu Léviathan[2] avec un hameçon ?
Lui serreras-tu la langue avec une corde[3] ?

Lui passeras-tu un jonc dans les narines[4] ?
Lui perceras-tu la joue avec un crochet[5] ?
 

  1. L’usage est, en Orient, de passer un anneau au nez des animaux captifs.
  2. Ce nom désigne le crocodile. Mais, comme nous l’avons fait observer ci-dessus (p. 180, note), il faut voir ici moins le portrait d’un animal déterminé que celui d’une bête fantastique, d’une sorte de dragon.
  3. La ligne du pêcheur est ici comparée au frein qu’on passe à la bouche des bêtes de somme.
  4. Les pêcheurs, après avoir pris un poisson, le portaient en lui passant un jonc dans les narines.
  5. Les pêcheurs d’Égypte ont encore l’habitude, quand ils ont pris un gros poisson, qu’ils veulent vendre vivant, de lui passer un anneau dans les branchies et de le fixer à l’aide d’une corde au rivage.