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pour mettre ces deux versets dans la bouche de la Sulamite[1]. « Salomon, dit-elle, a des vignes qu’il loue fort cher à des gardiens ; moi, j’ai ma beauté et mon innocence, qui sont ma vigne, et que j’ai su garder seule. » Elle finit par une apostrophe ironique adressée directement à Salomon. Salomon n’est pas censé présent à la scène ; cependant, comme tous les acteurs, selon notre opinion, figuraient à la fois sur l’estrade, l’épigramme le frappait en pleine poitrine, contrairement à toute vraisemblance, il est vrai, mais sans doute au grand applaudissement de l’assistance.


XVI. Ces deux versets forment à eux seuls une petite scène, très-claire en elle-même, mais qui, à l’endroit où elle se trouve, nous cause quelque sur-

  1. J’ai longtemps pensé, que les versets 11-12 étaient dans la bouche d’un frère ou d’un oncle de la Sulamite, qui songe à payer son fermage en livrant la jeune fille au harem de Salomon. Mais l’ensemble de la scène souffre, dans cette hypothèse, de trop grandes difficultés.