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et dont nous avons laissé jusqu’ici la signification en suspens. Éprouvant une invincible répugnance à mettre une phrase où la Sulamite est nommée dans la bouche même de la Sulamite, je suis amené à croire qu’il faut placer toute la seconde moitié du verset 1 dans la bouche d’une femme du harem de Salomon, probablement de la bayadère louée dans les versets 2-10. Les femmes du harem viennent d’inviter la Sulamite à se tourner vers elles pour qu’elles puissent juger de sa beauté. La bayadère intervient pour opposer aux charmes de la paysanne les siens qu’elle croit supérieurs. « Comment, dit-elle, faire attention à une Sulamite en présence de charmes comme les miens ? » ce qui amène le divertissement des versets 2-10. La nuance qu’il faut prêter pour obtenir ce sens à la particule כ n’étonnera pas les hébraïsants qui voudront bien se reporter aux exemples cités par Gesenius (Thes. p. 649, B. 3) et surtout au passage d’Isaïe, xviii, 4, 5.

Comme si le hasard s’était plu à accumuler les