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de phrases consécutifs, marque dans le premier un régime direct ; il est impossible que dans le second elle n’ait pas la même valeur. M. Hitzig a vu ceci avec une parfaite justesse. Il est indubitable qu’il faut traduire par l’accusatif : « Cur intuemini Sulammitidem ? » ou : « Curvultis intueri Sulammitidem ? » Mais c’est là encore la moindre objection qu’on peut adresser à l’opinion que nous combattons. Elle implique de telles inconvenances qu’on est surpris que des hommes de goût aient pu s’y arrêter. Quoi ! cette jeune paysanne, timide, réservée, que le poëte veut nous montrer comme un modèle de fidélité, qui, égarée au milieu de la cour de Salomon, ne songe qu’à fuir ou à se cacher, s’est si vite enhardie, qu’à la première demande, elle se met à danser de façon à mériter des louanges qui ne peuvent convenir qu’à une bayadère ! Le premier compliment de Salomon, à la vue d’une pauvre fille qu’on employait à garder la vigne, serait pour ses souliers ! Comment supposer que le poëte, qui ailleurs fait