Page:Ernest Renan - Cantique des cantiques, Calmann-Levy, 1884.djvu/76

Cette page a été validée par deux contributeurs.

viennent nullement. Le chœur, d’ailleurs, n’intervient jamais que par de courtes exclamations d’un caractère fort reconnaissable. Quant à la seconde question, celle de savoir à qui s’adressent ces versets, elle est sujette à de très-grandes difficultés.

Beaucoup d’interprètes ont pensé que la jeune fille qui danse est la Sulamite. Coupant en trois morceaux le verset 1, ils traduisent ainsi ou à peu près : « Reviens, reviens, Sulamite, que nous te voyions ! — Que voulez-vous voir de la Sulamite ? — Une danse de Mahanaïm. » Puis la Sulamite, cédant à l’invitation qui lui est faite, exécuterait une danse, pendant laquelle les compliments des versets 2-10 lui seraient adressés. Sacrifions pour le moment la répugnance que nous éprouvons à mettre dans la bouche de la Sulamite un membre de phrase où elle se nomme elle-même. Nous trouverons encore contre une telle interprétation d’énormes difficultés. Et, d’abord, elle est grammaticalement insoutenable. La particule ב, qui suit le verbe חזה dans deux membres