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puérile que dans la forme. Enfin le rapprochement des derniers mots du verset 1 prouve que la danse est à ce moment du poëme une circonstance capitale. — Cela posé, deux questions se présentent : 1o Dans la bouche de qui ce morceau doit-il être placé ? 2o Quelle est la femme qui danse, ou, en d’autres termes, à qui s’adressent les versets 2-10 ?

La première question est celle qui nous arrêtera le moins longtemps. Les versets 9-10, dits d’un ton de maître, impliquent une prise de possession si positive qu’ils ne peuvent convenir qu’à Salomon[1]. Le chœur, dans son ensemble, pourrait bien prononcer les versets 2-8 ; mais les versets 9-10 ne lui con-

  1. J’admets avec Ammon, Ewald, Hitzig, qu’il faut supprimer dans le verset 10 le mot לרודי, qui n’y forme aucun sens. Le mot לדודי, revenant à une distance de 23 lettres, c’est-à-dire d’une ligne à peu près, plus loin, on peut supposer que ce mot commençait une ligne dans le manuscrit dont tous les autres sont provenus. Le copiste se sera d’abord trompé d’une ligne, puis s’apercevant de son erreur, il aura pointé le mot לרודי, en signe de deleatur. Les copistes suivants n’auront pas tenu compte de ces points.