Page:Ernest Renan - Cantique des cantiques, Calmann-Levy, 1884.djvu/73

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Sulammitidem ? » semblent répondre à ces mots des femmes du harem : « ut intueamur te. » Mais si on les place dans la bouche de la Sulamite, on obtient un sens très-peu naturel et un tour insolite. Cette façon de parler de soi en se désignant par son nom a quelque chose de souverainement gauche. Mais comment surtout entendre les mots qui terminent le verset כמחלת המחנים ? Ce passage est un de ceux où l’indécision grammaticale de l’hébreu cause au philologue le plus d’embarras. Laissons de côté la difficulté du mot Mahanaïm, qui ne porte que sur un détail[1]. Qui prononce ces deux derniers mots ? Que veulent dire ces danses auxquelles la Sulamite paraît être comparée ? Quel lien établir entre

  1. Les uns traduisent ce mot par « chœurs d’anges. » Les autres y voient la ville de Mahanaïm, située vers les confins des tribus de Gad et de Manassé. Au fond, ces deux interprétations paraîtront peu différentes, si on lit le ch. xxxii de la Genèse. Le nom de la ville de Mahanaïm y est rattaché à une troupe d’anges ou d’élohim que Jacob rencontra en ce lieu. Le mot en question signifie duo castra et peut désigner deux