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scène, je veux dire l’entrevue du soir, qui finit d’une manière si contraire aux espérances de Salomon. Cela serait certain si les Hébreux avaient eu un théâtre analogue au nôtre ; mais les libertés que prend le poëte avec les vraisemblances de temps et de lieu doivent rendre fort circonspect quand il s’agit de transporter nos exigences à une composition aussi éloignée de notre goût.

On voit que les deux morceaux VIII et IX réunis forment un acte complet, lequel est exactement conduit d’après le plan des deux premiers actes. Le poëte frappe d’abord les imaginations par l’éclat du cortège de Salomon. Le mariage est en quelque sorte célébré d’avance, tant le triomphe de ce puissant roi sur une simple vigneronne paraît assuré. Salomon annonce qu’il reviendra le soir. À ce moment décisif, la voix de l’amant se fait entendre et réveille la passion de la jeune fille ; elle n’a plus d’oreilles que pour lui, et le berger remporte la victoire sous les yeux mêmes de son rival. La