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introduire ce nouveau personnage ? Selon nous, c’est au verset 2. L’interlocuteur, en effet, entre dans la pensée de la paysanne et continue les images champêtres du verset 1 ; au contraire, chaque fois que le poëte met en scène Salomon, il le fait détonner en quelque sorte, et le montre en contradiction avec les sentiments de la jeune fille. Tandis que tout à l’heure Salomon répondait au lit de verdure par des lambris de cèdre, ici l’interlocuteur se reporte bien au village. Les jeunes filles s’appellent maintenant banoth, et non alamoth comme les odalisques du sérail (i, 3 ; vi, 8). Un trait bien caractéristique, c’est que l’acteur qui prononce ce verset ne parle pas directement à la jeune fille. On dirait qu’il est placé en dehors de la pièce où se passe la conversation de Salomon et de la paysanne et qu’il intervient brusquement dans leur dialogue. Le jeu de scène que nous avons décrit, p. 19, semble donc reparaître ici. Et qu’on ne m’oppose pas l’invraisemblance qu’il y a à ce que l’amant entre dans le harem et rende Salomon témoin