Page:Ernest Renan - Cantique des cantiques, Calmann-Levy, 1884.djvu/48

Cette page a été validée par deux contributeurs.

devant les yeux du spectateur, et où la vraisemblance, sous le rapport des changements de lieux, doit être observée.

Le verset ii, 1, qu’il faut placer, de l’aveu de tous, dans la bouche de la bergère, est sans lien avec ce qui précède et ce qui suit ; il a un tour insolite, et l’on est tenté par moments d’y voir un début ou une entrée en scène. Cependant les versets suivants continuent très-bien la scène des versets 15, 16 et 17. Nous croyons donc que le dialogue à double portée se prolonge encore ici. Salomon vient de vanter ses palais de cèdre ; la paysanne, comme au verset 16, se reporte vers ses souvenirs de campagne et proteste à mots couverts de son innocence. Si l’on trouve, en adoptant ce sens, l’expression du verset 1 un peu contournée, on est libre d’y voir un couplet de chanson populaire, que la bergère chanterait en signe de ralliement pour révéler sa présence à son amant. Il est bien remarquable, en effet, que l’amant, comme s’il avait reconnu à ce signe la fidélité de