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par un seul mot d’amour aux avances de Salomon.

Nous n’hésitons donc pas à voir ici une sorte de jeu double, dont nous trouverons encore des exemples. Aux compliments de Salomon, la paysanne répond par des protestations que le roi peut, si bon lui semble, prendre pour lui, mais qui en réalité s’adressent à un ami absent. Cet ami lui-même n’était absent que selon notre manière de concevoir la scène. Nous allons tout à l’heure le voir intervenir brusquement et parler comme s’il avait entendu ce qui précède. D’autres applications de ce système dramatique s’offriront encore à nous. On est porté à croire que, dans les représentations du genre de celles auxquelles notre poëme donnait lieu, tous les acteurs étaient présents à la fois et qu’ils prenaient la parole tour à tour pour débiter leur rôle sans que les personnages étrangers à la scène fussent censés les entendre. Les Hébreux, en fait d’œuvres scéniques, ne paraissent point avoir atteint l’idée du drame complet, où l’on vise surtout à mettre l’action