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de Salomon ; le verset 16 est dans la bouche de la paysanne ; mais, au lieu de s’adresser à Salomon, la jeune fille y parle à son ami absent, à celui dont elle attendait la venue (vers. 12-14), ou du moins dont la pensée occupait son âme. Quelque étrange que soit ce résultat, il nous semble qu’il faut l’accepter. Car de supposer que le verset 15 et le verset 17 soient dans la bouche du véritable amant, qui est attendu aux versets 12-14, comme il serait si naturel de le penser, cela ne se peut. L’auteur, en effet, prend grand soin de distinguer le ton de ses personnages, et jamais il n’eût commis la faute de mettre ici dans la bouche de l’amant les mêmes mots qu’il mettra ailleurs dans la bouche de Salomon. Et quant à dire que la tendre protestation de la paysanne (vers. 16) s’adresse à Salomon, cela est en contradiction et avec les versets 12-14, où la jeune fille est heureuse de l’absence du Roi, et avec tout le poëme, où le triomphe de la bergère consiste justement à traverser les diverses épreuves sans avoir répondu