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interprètes diffèrent beaucoup. Les uns supposent qu’il faut mettre ce verset, comme le précédent et le suivant, dans la bouche de la paysanne, et composent un discours pour la jeune fille avec les trois versets i, 16 ; i, 17 ; ii, 1. Mais ces trois versets ainsi réunis forment un ensemble incohérent et contradictoire. Les images de lit de verdure, lambris de cèdre, lys de la vallée, se heurtent d’une façon qui n’est nullement dans les habitudes du poëte. Il est encore moins naturel de placer le verset 17 dans la bouche du berger, qui n’a pas parlé jusqu’ici. Nous croyons donc que le verset 17 est dans la bouche de Salomon. La paysanne, qui ne rêve que sa vigne et son amant, vient de rappeler le lit de feuillage où elle a d’abord connu l’amour. Salomon, qui ne comprend rien à sa fidélité, oppose au lit de verdure les lambris de cèdre et les poutres de cyprès de son sérail.

On voit dès à présent la singularité de cette petite scène. Le verset 15 et le verset 17 sont dans la bouche