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ensemble. Nul doute que ces trois versets ne soient prononcés par une ou plusieurs femmes. Il semble d’abord naturel de les placer tous les trois dans la bouche d’une amante captive, qui soupire après son ami absent. Le reste de l’ouvrage va, en effet, nous retenir constamment sur ce thème. Mais en y regardant de près on voit s’élever contre une telle interprétation de graves difficultés. D’abord l’expression de l’amour, dans les trois versets en question, est toute sensuelle ; la comparaison de l’amour et du vin a quelque chose de choquant : or dans la suite du poëme, l’amante captive s’exprime toujours avec beaucoup de délicatesse. En outre, il y a des endroits du morceau que nous discutons (vers. 4) qui semblent prononcés par un chœur de femmes. Quand l’amante captive parle pour elle seule, elle ne met jamais le verbe à la première personne du pluriel. Enfin les versets 3 et 4 supposent que l’homme auquel s’adressent ces protestations d’amour est aimé de plusieurs femmes à la fois, ce qui