Page:Ernest Renan - Cantique des cantiques, Calmann-Levy, 1884.djvu/167

Cette page a été validée par deux contributeurs.

n’est ni aux poëmes purement érotiques de l’Inde, tels que les poésies d’Amarou et de Bhartrihari, ni aux poésies de Hafiz, ni aux maouals des Arabes qu’il faut comparer notre poëme. Le Cantique des Cantiques est un livre profane, mais ce n’est pas un livre frivole. Les traits de détail qui peuvent paraître choquants à notre légèreté, trop portée à sourire, sont de ceux qu’on trouve dans toutes les poésies antiques. Voltaire a eu tort de s’en égayer, et les croyants ont tort d’en être scandalisés. Il faut remarquer d’ailleurs que les deux seuls passages vraiment sensuels de l’ouvrage (i, 2-4 ; vii, 2-10) ont pour but de présenter le harem et les mœurs de la cour de Salomon sous un jour odieux, et servent à produire une sorte de contraste. La pensée du livre, comme celle de tous les livres hébreux, est saine, et si l’exécution manque parfois de nuance et de distinction, c’est que ces qualités-là, fruits de nos raffinements, ne sont nullement celles de l’esprit sémitique en général. Pour moi, je trouve le Canti-