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son hypocrite mollesse, mais l’amour vrai, l’amour inspirateur du courage et du sacrifice, préférant la pauvreté libre à l’opulence servile, aboutissant à une haine vigoureuse de tout ce qui est mensonge ou bassesse, et finissant par le bonheur calme et la fidélité.


Ainsi doivent se résoudre, aux yeux du théologien et aux yeux du critique, les difficultés soulevées par le livre qui nous occupe. Même aux yeux du critique, il pouvait paraître étrange qu’au milieu de cette littérature devenue l’une des assises de la foi de l’humanité, parmi les monuments de cette pensée hébraïque toujours grave et réservée, au nombre de ces écrits vénérés qui ont traversé les épurations de tant de scribes pieux, figurât un livret équivoque, un poëme consacré sans arrière-pensée à l’amour sensuel. Tel n’est pas le Cantique des Cantiques[1]. Ce

  1. Voir les excellentes réflexions de M. Réville, dans la Revue de théologie, mai 1857, p. 284 et suiv.