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nouvelles allégories : par suite de la grande extension que prit le culte de la Vierge, la Sulamite se vit identifiée avec Marie, et presque tous les traits du Cantique des Cantiques furent appliqués à la mère de Dieu. L’absence de bonnes études exégétiques et philologiques dans les monastères et les universités, jointe à l’habitude de chercher dans les Écritures des sens détournés et arbitraires, ne permit à aucun docteur de ce temps d’entrevoir la vraie interprétation du Cantique. Les premiers théologiens protestants ne se séparèrent aucunement sur ce point de la tradition catholique. Enfin les exégètes juifs donnèrent comme tous les autres dans la manie des explications figurées. Quand la philosophie arabe fut devenue à la mode parmi eux, la Sulamite devint l’intellect actif, auquel l’âme individuelle aspire à s’unir[1]. Quelques lueurs d’une meilleure méthode percent cependant dans

  1. Sur l’origine et les progrès de cette singulière interprétation,