Page:Ernest Renan - Cantique des cantiques, Calmann-Levy, 1884.djvu/157

Cette page a été validée par deux contributeurs.

au sentiment religieux de l’époque, fut soigneusement conservé. C’est ainsi que des ouvrages médiocrement édifiants passèrent pour sacrés. Le Cantique des Cantiques, en effet, n’est pas le seul livre auquel puisse s’appliquer l’objection à laquelle je réponds. Le livre des Proverbes et plusieurs psaumes sont des ouvrages moraux, mais non religieux. Le livre de Job est un livre de philosophie et de discussion ; aucun ouvrage ne ressemble moins à un livre sacré. Le psaume Eructavit cor meum est un épithalame comme le Cantique des Cantiques. L’Ecclésiaste, enfin, bien que composé à une époque moderne et contenant des parties si étranges, n’en a pas moins été consacré, parce qu’à l’époque où se formèrent les premières idées de canonicité, on le trouva lu par des hommes instruits. La canonicité, tout en renfermant une idée religieuse, se trouva donc par le fait appliquée à des ouvrages qui n’avaient guère de caractère religieux, et on ne saurait conclure des efforts qui furent faits ensuite pour sanc-