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milieu du dédale des sens anagogiques, tropologiques, etc., que reconnaissaient les interprètes chrétiens, le sens littéral était à peu près le seul que l’on négligeât. Remarquons enfin que l’argument susdit repose sur une notion très-fausse de la canonicité chez les juifs. L’idée d’un canon strictement limité et d’une inspiration divine s’étendant uniformément à tous les livres contenus dans ce canon est une idée chrétienne et non juive[1]. Les anciens docteurs juifs se permettent des critiques de fond contre des livres réputés sacrés, contre l’Ecclésiaste, par exemple, et contre le Cantique[2]. Quand l’opinion se prit à regarder les anciens livres indistinctement comme un répertoire de sagesse, le choix n’était plus à faire. Le temps avait tranché la question ; tout ce qui restait de la vieille littérature, même ce qui ne correspondait pas

  1. V. d’excellentes observations de M. Derenbourg sur ce point dans les Archives israélites, mars 1856.
  2. V. de Wette, Einleitung, § 276, 283.