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au iiie siècle, donna la première explication allégorique complète de notre poëme. Posant en principe que tout ce qui dans la Bible paraît indigne de l’inspiration divine, et par conséquent tout ce qui ne sert pas à l’édification et à l’instruction du lecteur, doit renfermer quelque sens caché, il déclara que l’amour dont il est question dans le Cantique ne pouvait être que l’amour divin, et que ce poëme n’était autre chose que l’épithalame de l’Église avec son céleste fiancé, Jésus-Christ.

On comprend d’après cela combien sont dénuées de valeur les inductions que l’on a tirées, en faveur de l’interprétation mystique, de la présence du Cantique dans le canon et de la tradition qui, depuis dix-huit siècles, lui attribue un sens pieux. Comment supposer, dit-on, qu’un livre purement profane eût été accepté comme livre sacré ? Cette consécration n’est-elle pas une preuve du caractère religieux qu’offrait dès lors le livre ainsi adopté ? — Observons d’abord que,