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fort versé dans la science des Écritures, Méliton, évêque de Sardes, compose déjà une clef de ces allégories[1]. La version grecque dite des Septante n’offre, il est vrai, pour le Cantique aucune trace d’interprétations mystiques ; mais la version syriaque semble en offrir[2] ; le Talmud en est plein. Les chrétiens surtout, en exagérant beaucoup les idées des juifs sur la canonicité et l’inspiration, s’obligèrent à des efforts désespérés pour trouver au Cantique un sens mystérieux. Théophile d’Antioche, au iie siècle, explique le bois du Liban par Ruth, qui renferme en son sein toute la race de David, et la litière par les âmes qui portent Dieu en elles-mêmes[3]. Origène, enfin,

  1. Les nombreux débris de ce vieux symbolisme ont été recueillis, mais non toujours avec assez de discernement des dates, par dom Pitra dans les tomes II et III de son Spicilegium Solesmense.
  2. Le Targum chaldéen est tout imprégné d’allégorisme ; mais il est postérieur au Talmud.
  3. Gallandi, Bibl. Patr. t. II, p. 141-142. L’attribution de ce passage à Théophile d’Antioche n’est pas tout à fait certaine.