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autre poëme du même genre, ne paraît pas plus ancien[1]. Dans l’Inde et la Perse, ce genre de poésie est le fruit d’un extrême raffinement, d’une imagination vive et portée au quiétisme, d’un certain goût du mystère, et aussi, en Perse du moins, de l’hypocrisie imposée par le fanatisme musulman. C’est, en effet, comme réaction contre la sécheresse de l’islamisme que le soufisme a fait fortune chez les musulmans non arabes. Il y faut voir une révolte de l’esprit arien contre l’effrayante simplicité de l’esprit sémitique, excluant par la rigueur de sa théologie toute dévotion particulière, toute doctrine secrète, toute combinaison religieuse vivante et variée,

  1. Ce qu’il y a d’indubitable, au moins, c’est qu’il n’est pas antérieur au xie siècle. M. Weber l’établit par un fait positif. Un synchronisme bizarre, auquel il est difficile de ne pas songer, c’est l’apparition presque simultanée d’un allégorisme semblable, quoique d’une bien moindre portée religieuse, dans le monde latin, par François d’Assise, Dante et l’école florentine en général.