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dentale et dans le grec (Παράδεισος), qu’à l’époque achéménide. C’est ici de beaucoup le meilleur argument de ceux qui veulent rabaisser le Cantique jusqu’à l’époque persane ou grecque. Mais j’avoue que j’hésite à faire violence à toute une série d’inductions concordantes pour un seul mot embarrassant. Le texte des ouvrages qui avaient peu d’importance religieuse n’était pas si strictement gardé qu’il soit permis d’en appeler à une particularité de style isolée quand il s’agit de la rédaction du livre tout entier. Il se peut que le Cantique ait été conservé longtemps à l’état de chant populaire et n’ait été écrit qu’assez tard. On sait que ces sortes de chants non écrits subissent de perpétuels changements dans la bouche du peuple. Ajoutons que l’origine achéménide du mot paradis n’est peut-être pas incontestable[1]. Les Achéménides ont pu emprunter le mot

  1. Les Grecs croyaient à cette origine (voir Thes. linguæ græcæ, édit. Didot, au mot Παράδεισος), mais il est naturel qu’ils aient