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comme le livre de Job[1], aient été le fruit d’une époque de rabbinisme et de petitesse d’esprit telles que furent celle d’Esdras et même, en remontant plus haut, celle de Josias et de Jérémie. Le peuple juif, à partir de ce grand triomphe du piétisme, est absorbé par son idée religieuse ; l’art lui devient indifférent, s’il ne sert, comme dans quelques psaumes, au triomphe de la Loi de Jéhovah. Toutes les œuvres libres et larges du génie hébreu, œuvres que j’appellerais plus volontiers sémitiques que juives, en ce sens que les peuples voisins de la Palestine possédaient une semblable littérature, et qu’on n’y trouve pas le cachet spécial de l’esprit

  1. J’ai parfois été tente de mettre le Kohéleth ou Ecclésiaste dans la même catégorie. Mais la dernière étude que j’ai faite de cet ouvrage m’a convaincu qu’il est d’une époque moderne, et qu’il faut le rattacher à ce réveil de la poésie parabolique qui eut lieu vers le temps d’Alexandre. Salomon étant le représentant attitré de ce genre de littérature, c’est à lui qu’on continua d’attribuer les ouvrages composés à l’imitation des vieux Sages hébreux.