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inouïe. Sans doute, à une époque plus récente, et dans la bouche d’un poëte traçant un idéal hyperbolique, ces chiffres modestes fussent devenus des milliers de milliers. Dans le livre des Rois et le livre des Chroniques, où des documents légendaires et exagérés peuvent s’être mêlés à des documents originaux et exacts, les nombres sont bien plus forts[1] : le chiffre quarante mille paraît le nombre rond affectionné par l’auteur ; le harem se compose de sept cents reines et de trois cents concubines ; les richesses et la puissance de Salomon sont décrites avec une emphase qui donne à la sobriété de notre poëme un relief singulier. — Une foule de traits, tels que la mention des deux piscines d’Hésébon[2] (Hésébon avait cessé d’être une ville juive dès l’époque d’Isaïe[3]), les relations familières avec la

  1. I (III selon la Vulgate) Rois, v (vi selon la Vulgate), x, xi ; II. Chron. i, ix.
  2. Seetzen les vit encore existantes, en 1805.
  3. Is., xv ; Jérém., xlviii, 2.