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thie contre Samarie était telle à cette époque qu’il est tout à fait inadmissible qu’on eût cité comme type de beauté une ville du Nord. Si l’on dit que l’auteur a voulu faire un pastiche de l’époque de Salomon et a choisi Thersa par une raison de couleur locale, on s’expose à de nouvelles difficultés. Car Thersa n’a été capitale que depuis le schisme qui eut lieu sous Roboam ; il faudrait, par conséquent, supposer chez le poëte une inadvertance inconciliable avec le dessein raffiné qu’on lui prêterait. Supposons un poëme où Clovis jouât un rôle et où Aix-la-Chapelle figurât à côté de Paris ; nous affirmerions avec certitude que ce poëme aurait été écrit sous les premiers Carlovingiens ; en effet, un poëte savant d’un âge plus moderne n’eût pas commis une telle inexactitude, et l’erreur des poëtes naïfs consiste toujours à transporter dans le passé l’état du monde qu’ils ont sous les yeux.

Ce seul passage nous autoriserait à affirmer que la première rédaction du Cantique a dû être anté-