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autres ouvrages hébreux. Mais je trouve une allusion très-probable à notre poëme dans le livre de Jérémie[1]. « Je ferai cesser, dit Jéhovah, dans les villes de Juda et les places de Jérusalem, les cris de joie et les chants d’allégresse, la voix de l’époux et la voix de la fiancée ; car toute la terre sera désolée. » Que signifient ces mots : la voix de l’époux et la voix de la fiancée, pris comme synonymes de chants de joie ? Il serait de la dernière froideur d’y voir simplement les entretiens que pouvaient avoir entre eux les fiancés de Jérusalem. Ces mots s’appliquent, selon toute vraisemblance, à une espèce particulière de poëmes joyeux, à un genre de composition littéraire alors en vogue et dont notre Cantique était le spécimen le plus célèbre. Peut-être les mots de Jérémie קול חתן וקןלכלה nous donnent-ils le titre sous lequel, avant la captivité, on le désignait.

  1. vii, 34 ; xxv, 10. On sait que Jérémie est le plus lettré des anciens écrivains hébreux. Presque tous les ouvrages antérieurs à lui sont rappelés dans son livre.