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prit, tels que des énigmes en vers. Je ne doute pas que le Cantique des Cantiques ne fût le plus célèbre de ces jeux qu’on célébrait à l’époque des mariages[1], et qui probablement roulaient tous sur un sujet analogue à celui-ci : le fiancé et la fiancée se cherchant et surmontant tous les obstacles pour se réunir.

Les défauts que le Cantique des Cantiques semble offrir si on lui applique les règles ordinaires de la poésie dramatique disparaissent de la sorte. Rien de plus choquant, selon nos idées, que ces finales d’actes, qui, au lieu de laisser l’intérêt en suspens, nous offrent un dénomment et font ainsi de l’acte un drame tout entier. Rien de plus naturel, au contraire,

  1. M. Ch. Schefer, qui connaît si bien l’Orient musulman, m’apprend que des divertissements de ce genre se pratiquent encore, pour les mariages, à Damiette et dans certaines localités de la Syrie. Ils durent sept jours, durant lesquels l’épousée paraît chaque fois en un costume différent. Ces jeux se passent dans le harem : les invités, comme cela a lieu dans notre poëme, forment le chœur.