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seuls grands théâtres originaux de l’antiquité, le théâtre grec et le théâtre hindou (je persiste à croire que celui-ci n’est pas une copie du premier) sortent directement de la mythologie et y prennent tous leurs sujets ; ce n’est que fort tard qu’on en vient à fonder des drames sur de simples fictions de fantaisie. Le monothéisme, en étouffant les développements de la mythologie, devait atrophier du même coup chez les Sémites le théâtre et la grande poésie de récit.

Tout nous autorise donc à affirmer que les représentations théâtrales n’eurent à Jérusalem aucun caractère public. Comme, d’un autre côté, le Cantique, si l’on n’y voit qu’une composition littéraire destinée seulement à être lue, est inexplicable, la sécheresse et le décousu de certains passages dénotant clairement un libretto destiné à être complété par le jeu des acteurs et la musique, on est forcément amené à supposer que ce poëme se représentait dans des jeux privés et en famille. Une opinion développée d’abord d’une manière fort