Page:Ernest Lavisse - Histoire de France cours élémentaire, Armand Colin, 1913.djvu/70

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Au bout de quelques mois, les gens de Calais n’eurent plus ni pain, ni viande, ni légumes. Ils mangèrent les chevaux, les chiens, les chats et les souris.

Quand il ne leur resta plus rien, ils prièrent le roi d’Angleterre de les laisser sortir de Calais sans leur faire de mal.

Mais le roi d’Angleterre leur répondit : « Je veux que six bourgeois de Calais viennent me trouver tête nue, nu-pieds, en chemise avec une corde au cou, et qu’ils m’apportent les clés de la ville. Je ferai d’eux ce qu’il me plaira de faire. Après cela, j’aurai pitié des gens de Calais. »

Les habitants de Calais se réunirent sur la Grand’Place. Ils étaient bien tristes, car ils devinaient bien que le roi voudrait faire mourir les six bourgeois. Ils se demandaient comment on choisirait ceux qu’on enverrait au roi d’Angleterre. Et presque tous pensaient sans le dire : « Pourvu que ce ne soit pas moi que l’on choisisse ! »

Alors, un riche bourgeois, appelé Eustache de Saint-Pierre, parla ; il dit qu’il était prêt à s’en aller vers le roi d’Angleterre. Cinq autres bourgeois dirent la même chose.

Ils se déshabillèrent ; ils s’en allèrent pieds nus, en chemise, la corde au cou, tenant les clés de la ville. Les habitants les conduisirent jusqu’à la porte. Ils pleuraient et gémissaient en regardant ces pauvres gens qu’ils ne reverraient plus.

Le roi, quand ils arrivèrent, ordonna d’aller chercher le bourreau pour leur couper la tête.

Mais la reine d’Angleterre vint se jeter aux genoux du roi.