Page:Ernest Duchesne - Contribution à l’étude de la concurrence vitale chez les micro-organismes - antagonisme entre les moisissures et les microbes.pdf/18

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bon, Blagovestchensky a dirigé ses recherches sur l’antagonisme de ces bacilles en dehors de l’organisme. Dans ce but il ensemence deux stries perpendiculaires dans des boîtes de Piétri et il remarque qu’au point d’intersection la couche fournie par le bacille du pus bleu est beaucoup plus épaisse. À l’examen microscopique les bactéries sont déformées, mal colorées. Au contraire, elles ont conservé leur forme et leurs dimensions normales dans le reste de la strie. Du reste, lorsqu’on examine les boîtes de culture après cent vingt heures, on ne peut plus trouver de bactéridies que tout à fait au bout des stries.

Voici encore un fait très curieux de concurrence vitale bien mis en évidence par M. le professeur agrégé Roux dans son Précis d’analyse microbiologique des eaux[1] ; il repose sur l’invariabilité relative du nombre des germes vivants dans une eau suffisamment refroidie. Miquel a démontré que cela tenait, non pas à ce que chaque individu microbien se trouvait en quelque sorte pétrifié pendant un certain temps et incapable de se diviser, mais bien à une sorte de balance qui s’établit entre ce qu’il nomme très pittoresquement les décès et les naissances. Certaines espèces moins aptes à résister à de basses températures périssent, tandis que d’autres, mieux armées, résistent et font souche de nouvelles générations qui remplacent ainsi celles qui disparaissent. C’est ainsi que de l’eau de la prairie des filtres de la ville de Toulouse est conservée pendant quatre jours dans, de la glace fondante. Toutes les vingt-quatre heures cette eau qui accuse

  1. Gabriel Roux, Précis d’analyse microbiologique des eaux, p. 108, Paris, 1892).