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Et telle doit être la science et la politique des hommes libres, de pousser l’un contre l’autre le despotisme français et le despotisme russe, les lançant tour à tour dans la lutte selon le moment où leur action spéciale est demandée. Divide ut imperes.

Dans la lutte de la vie, l’homme n’est vainqueur qu’à la condition de bien connaître ses ennemis et de les diviser. Tout ce qui scinde la Fatalité générale nous est utile, à nous révolutionnaires, que ce soit la Guerre, la Révolution ou la Découverte, c’est-à-dire toujours la Révolution. C’est en ce sens que la guerre d’Orient, qui oppose le Despotisme russe à la Civilisation du monopole, est faite pour nous ; elle nous est bien plus avantageuse ainsi que si elle était faite par nous. Les conseilleurs ne sont pas les payeurs. Les gouvernements d’Europe sont assez riches pour nous rendre, dans cette guerre, toutes les avances faites à la Liberté. Les gouvernements aussi travaillent pour la Liberté, bien qu’ils n’aient le mérite ni de le savoir ni de le vouloir.

Vous dites, immobilistes d’Occident, que la guerre actuelle est funeste. Eh ! qu’eussiez-vous dit des premiers peuples qui firent la guerre, des premiers esclaves qui se soulevèrent contre leurs maîtres ? Qu’eussiez-vous dit des hommes audacieux qui, les premiers, forgèrent les métaux, firent flamber la houille, percèrent les montagnes, comblèrent les vallées, taillèrent la pierre, sondèrent les abîmes des Océans, animèrent la matière enfin, pour la lancer contre la matière, enseignant ainsi aux hommes déshérités, à triompher de toutes les résistances ? — Vous eussiez dit qu’ils étaient des fous et des destructeurs, et comme tels, vous les eussiez pendus selon l’éternelle pratique de ceux que le mouvement effraie. Fallait-il donc, pour vous complaire, immobilistes, que l’humanité en restât à la confusion de Babel pour monde, à l’ilotisme de Sparte pour