au lieu d’appeler les nations Dieux ou créatures, on les appelle victorieuses ou vaincues, dominantes ou dominées : — caprice d’expression, fantaisie de grammairiens !
Je ne puis considérer les puissances supérieures à moi comme dangereuses pour moi, puisque je les vois se transformer chaque jour, se diviser et se perdre à l’infini. D’après la loi fatale de solidarité, il n’y a pas de Dieu qui ne soit plus esclave que la plus esclave de ses créatures.
Appliquant ces données à la Russie, le Dieu des peuples européens d’aujourd’hui, je dis : je ne puis regarder comme dangereuse la fatalité de l’invasion prochaine, puisque cette invasion se transformera et se dispersera en mille manières au contact des sociétés parmi lesquelles la jettera le génie des batailles.. Elle accomplira son œuvre de Destruction tout entière, et puis disparaîtra, comme les Dieux aux pieds d’argile, réduite qu’elle sera par l’engrenage social, en une poussière féconde.
X. — Voilà quelle opinion peu révérencieuse, moi, pauvre insecte au cri strident, je fais entendre sur Dieu, sur les Dieux, depuis les profondeurs de l’herbe où je suis enseveli.
Dieu n’étant ici-bas que la raison sociale d’une compagnie de filous en commandite, j’éprouve un saint plaisir à humilier en Dieu tous ceux lui vivent de lui. Et ce ne sont pas les prêtres qui retirent aujourd’hui les plus grands bénéfices de l’exploitation de la Divinité ; mais bien les dames patronnesses des œuvres de bienfaisance, les vertueuses épouses des agioteurs de la Bourse et des tripotiers du Journalisme, ces femelles nerveuses qui pleurnichent en vers, et, du bout de leurs gants, tendent au pauvre qui meurt le reste de leurs orgies. Ami prolétaire, malheur