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Les nations civilisées sont endettées, divisées, menacées, tremblantes. Elles sont à la merci du crédit d’un banquier, de l’audace d’un général, de la turbulence d’un tribun, d’un schisme religieux ou politique, de la mauvaise digestion d’un ministre, des paradoxes d’un chef de secte, des téméraires entreprises d’un prétendant, des hasards d’une guerre, de sentiments fragiles, de la coalition et de la peur de tous les intérêts, de toutes les misères. Le bras de la Force s’est retiré d’elles ; l’esprit de la Liberté ne les a pas visitées encore. Elles parlent depuis longtemps de Justice, et cependant l’Iniquité les aligne sous sa verge d’or. L’antagonisme leur déchire le sein de ses dents recourbées. Elles sont entre la vie et la mort ; elles n’ont cependant ni assez de courage pour vivre ni assez de résignation pour mourir. — Les nations ambiguës du Nord sont encore, au contraire, couchées sous le despotisme. Despotisme cela veut dire : crédit, commerce, travail, instruction, religion, ressources, paix et guerre, hommes et biens, corps et âmes, personnel et état sociaux, en un mot, selon la volonté d’un seul. Ce n’est pas la Liberté, mais c’est la Force.

Nous vivons de traditions ; ils vivent d’aspirations. Nous reculons ; ils avancent. Et dans la guerre sociale, ceux qui reculent sont foulés aux pieds.

Nous sommes propriétaires ; ils sont communistes. Et le communisme est moins injuste que la propriété.

Chez nous, l’individu est absorbé par l’organisme social ; chez eux, il n’est comprimé que par la volonté d’un maître. Et l’on secoue plus vite la tyrannie des personnes que celles des choses.

Nos constitutions sont épuisées par les privations de toutes sortes, par les maladies héréditaires et acquises, par les débauches parcimonieuses et les voluptés empoisonnées. Nous sommes flétris en venant au monde ; nos jeu-