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Les races seront confondues dans un choc sans fin et dans des guerres sans trêve.

Jusqu’à ce que l’Humanité soit régénérée par un priapisme douloureux, une copulation à perdre haleine et des jouissances sans frein ; — depuis l’heure de l’Étoile du berger jusqu’à celle de l’Aurore aux doigts habiles. — Gloire à toi, Mylitta !

Slaves, mes frères, du fond des grandes villes d’Occident, je tends les bras vers vous. Que votre règne arrive ! Délivrez-nous du mal ; — je veux dire, de l’Immobilisme et de la Civilisation du Monopole !

AINSI SOIT-IL ! !




..... Aux époques de destruction et de déluge jamais prophète n’a manqué.

Les prophètes étaient des hommes jeunes, obscurs et souffrants qui cherchaient la volupté dans la douleur, l’orgueil dans la contradiction, pour qui c’était un horrible travail d’écrire, et qui ne le faisaient qu’au prix de leur santé, la fièvre aux mains, la rage au cœur.

Ils semblaient, dans la vie, comme des étrangers ; ils se respectaient trop pour travailler ou mendier comme le vulgaire. Leur pain leur venait, morceau par morceau, de l’avarice de leurs parents ou de la méchante curiosité du public. Il leur en fallait peu, car leur estomac s’était rétréci dans les angoisses, et souvent l’agonie de la faim leur eût semblé douce.

Ils n’étaient pas savants, mais ils étaient droits et confondaient les docteurs. Ils manquaient de mémoire, mais ils avaient la prescience. Par les temps d’orages, ils sentaient l’électricité traverser leurs corps frêles ; devant l’Univers tremblant, ils prenaient conscience de la faiblesse de leurs personnes et de la force de leur volonté.