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activement dans les affaires de l’Europe, les Américains ont à conquérir à l’industrie plus de la moitié de leur territoire, cette immense étendue de terrains vagues qui les séparent du Canada ; il leur reste encore à délivrer les îles voisines, à s’assurer une influence dominante dans toute l’Asie occidentale, à prendre en Océanie d’importantes positions.

Dans ses entreprises, l’humanité procède toujours du simple au composé, de proche en proche, de prochainement en prochainement ; les notions de provisoire et de définitif, de voisin et d’éloigné se correspondent ; la même mesure comparative est applicable au temps et à l’espace. Il sera donc plus facile à l’Amérique de prendre tout d’abord possession de pays encore inoccupés et inexploités, que d’agir à grandes distances, sur le continent européen regorgeant d’hommes et de misère. En ethnographie, comme en physique, le vide attire, le trop plein repousse ; les hommes ont horreur des foules humaines.

Je sais que, porté par la vapeur bruyante, le génie de la Civilisation marche plus rapidement qu’autrefois ; je n’ignore pas que les plus grandes distances et les plus difficiles entreprises se réduisent de nos jours à des questions de métal. Quoi qu’il en soit, j’affirme que les États-Unis ont bien assez de travail autour d’eux et chez eux pour la fin de ce siècle, et que ce n’est pas avant de l’avoir terminé qu’ils peuvent songer à prendre une part active et directe dans les affaires de l’Europe. Bien certainement l’Amérique nous rendra les envahissements que nous lui avons fait subir ; — cela rentre dans les lois de l’évolution humaine. Mais la prochaine révolution d’Europe sera faite par la Force, par la Centralisation, par la Russie ; celle que doivent opérer la Liberté, le Fédéralisme et l’Amérique ne viendra que bien longtemps après, quand les conséquences de la première seront épuisées. Les