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monde. — Je ne vois que l’Espagne qui puisse développer en Europe la révolution socialiste-morale parallèlement à la révolution socialiste-industrielle que fera la Russie ; je ne vois que l’unité Ibérique capable de contrebalancer l’unité slave par le courant de ses idées et la direction de son génie.

Quand l’Espagne aura fait sa révolution intérieure, elle prendra un essor incroyablement rapide par l’exécution de ses voies ferrées et de ses canaux, par l’accroissement de son luxe et de ses pompes, la prospérité de son commerce, la régénération de ses arts et de sa littérature. De tous les points de l’Europe des ingénieurs et des artistes s’y réfugieront pour échapper à la guerre ; de hardis spéculateurs tireront parti des immenses ressources de son territoire ; les capitaux, ne trouvant plus de placement avantageux ailleurs, y afflueront de toutes parts. Les ports du Cantabre doubleront leur population et multiplieront leurs rapports avec l’étranger. La marine espagnole renaîtra de ses débris. Cadix et Valence seront en relations constantes avec tout l’Orient, Gênes, Naples, Marseille, l’Afrique et les État-Unis. Madrid, ce cœur si puissamment contractile, qui jusqu’ici retira le sang de ses provinces, le leur renverra quand les voies d’eau et de fer pénétreront jusqu’à lui. L’expérience de cette prospérité croissante forcera le gouvernement à faire une large part aux franchises des communes, au bien-être des populations, à la liberté individuelle.

L’Espagne retournera bientôt aux pouvoirs du droit divin, parce que, seuls jusqu’à ce jour, l’Absolutisme et le Catholicisme, le Rey netto et le Pape ont compris les besoins de luxe et de bonheur qui sont au fond du caractère espagnol ; — parce qu’ils y ont satisfait dans une certaine mesure ; — parce que l’Espagnol fier, ne sachant encore comment résoudre scientifiquement le problème de l’éga-