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(L’Homme, numéro du 21 juin 1854, article intitulé : Un nouvel Érostrate.)

Je me sens en veine de malice aujourd’hui, citoyen Ch. Ribeyrolles, et malgré toutes les promesses de modération que je m’étais faites à cet endroit, je ne puis résister à la démangeaison de tourmenter un peu cet excellent Journal l’Homme. Je lui réponds en deux mots :

1°) Érostrate était un fou sublime, et il serait à désirer que parmi les vigoureux de la république démocratique, il s’en trouvât un seul qui osât porter, comme lui, la torche sur tout ce que les civilisés adorent. Erostrate ne fit autre chose que chasser les marchands du temple, ce que Jésus fit trois cents ans plus tard, ce que nous ne ferons pas seuls ; — ce qu’il faut faire cependant. — Je ne mérite pas d’être comparé à Érostrate !

2°) Il y a certaines insinuations qui, sans faire courir à leurs auteurs les dangers d’une accusation franche, ont cependant la même portée ; de celles-là les citoyens irrévolutionnaires se montrent toujours prodigues : leur police officieuse est chargée de les expliquer. Que vous êtes maladroits, en vérité, citoyens ! Si je faisais le service d’une police quelconque, est-ce que je ne serais pas de force à le crier par dessus les toits, moi qui ne sais rien cacher ? Et puis, s’il me plaisait d’être mouchard, citoyens, à qui donc serai-je tenu de demander permission pour me vendre ? À qui donc appartiendrait-il de m’accuser et de me juger ? À ces citoyens vertueux qui font la police des chefs de parti, sans doute ? L’homme n’est-il pas libre même de se déshonorer ? Et quand il en est venu à ce point de mépris de lui-même, le ferez-vous revenir au respect de sa conscience, dites-moi, citoyens, avec vos grands principes imprescriptibles et vos terribles jurys d’honneur ? Sachez donc, citoyen ex-rédacteur en chef de la Réforme, que la seule sauvegarde de l’honneur, c’est l’amour-propre, et