qu’ils me jetaient. Et je n’entendis plus que la voix de l’Esprit qui disait :
« Écoutez ! cieux brillants d’étoiles, et vous, mers profondes !
» Écoutez ! grands fleuves, fils des hauts rochers. Écoutez ! cimes des monts-voilées de neige !
» Écoutez ! savanes desséchées, et vous, collines, qui agitez dans l’air vos chevelures vertes !
» Écoutez ! nations qui couvrez le sol de l’industrieuse Europe, depuis l’Orient doré jusqu’à l’Occident livide, depuis le Nord attristé par les frimas jusqu’au Sud que réjouit le flambeau du jour !
» Écoutez ! solitudes où les fauves bondissent, lacs et torrents qui cachez les poissons muets. Et vous, cités, villages où les hommes multiplient, prêtez l’oreille !
» ... Mort ! selle ton coursier noir ; presse ses flancs maigres entre tes os blanchis jusqu’à ce qu’il ait rougi son mors. Et repasse ta faux d’acier à la pâle clarté de la lune !
» — Jusqu’à ce que je t’ordonne de prendre ta course par les monts et les plaines pour moissonner les mélèzes odorants, les vignes en fleur, les blés jaunes,
» ... Et les hommes dégénérés que j’émonderai comme des rameaux stériles.
» Déchaîne tous tes vents, Éole, père des tempêtes et l’Aquilon glacé, et le Simoum desséchant, et la Bise furieuse, et le Mistral, effroi des nautoniers ;
» Fais-les bondir comme la tigresse altérée de sang et la panthère trapue ; comme des chats sauvages dans la futaie ; comme des étalons hennissant après des cavales.
» Hurlez tous les éléments, comme des forcenés ! Et que les troncs des arbres, les fentes des rochers et les rails des chemins deviennent les trompettes de ma fureur !...
» Il ne servira de rien aux hommes de se boucher les