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VISION IV
L’Ange de la Révolution.


« Les jeunes gens sont pris de visions. »
Daniel.


Dans mon sommeil tourmenté, l’Ange de la Révolution m’est apparu. Il s’est approché de moi, et tout mon corps s’est raidi lorsqu’il m’a posé la main sur l’épaule.

Et l’Ange de la Révolution m’a dit : « Prends cette plume dans ta droite, et ceins ce glaive autour de ton corps.

» Et que cette plume s’use en courant sur le papier ; que cette épée s’ébrèche dans le combat ; que tes bras sèchent au travail !

» Marche depuis le lever jusqu’au coucher du soleil, et passe les nuits devant ta table. »

Et j’ai regardé la Plume et l’Épée. Et voici : la Plume était consumée d’un feu inextinguible, et l’Épée brillait d’un éclat que ne pouvait supporter ma vue.

Et l’Ange dit encore : « Dépose l’épée jusqu’à ce que les clairons résonnent ; ils n’est pas temps de frapper encore. Mais saisis la plume. »

Et j’avançai ma main vers lui, et je pris la plume en tremblant. Mais elle me brûla les chairs, et je poussai des cris de douleur.

Alors l’Ange me dit : « Plonge ta main dans le vase dont j’entretiens la flamme depuis le commencement des siècles. »

Et voici ! Le vase qu’il me présenta était fait d’airain. Au fond brillaient l’alcool et l’éther, les huiles parfumées et les précieuses essences que préparent, sur les monts,