Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/256

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

magne, il se passa trois siècles. Et ces trois siècles furent remplis des cris et des soupirs des peuples absorbés dans les jouissances de la reproduction, jusqu’à ce que l’échange fût opéré entre l’idée latine et la force germaine.

La Civilisation chrétienne a subi de longues épreuves avant d’écraser le Paganisme. Qui pourrait dire que de souffrances sont réservées au Socialisme avant qu’il ait triomphé de la Civilisation ?




XIII.   Avoir établi que l’Humanité n’est pas anéantie par la Mort, que tout décès a pour conséquence obligée et immédiate une naissance, c’est avoir dit implicitement qu’une société n’est pas anéantie non plus parce qu’elle est en décadence, et que toute décadence a pour résultat immédiat et fatal une invasion.

Qu’est-ce en effet que la Décadence ? la veille de la Mort. Et qu’est-ce que l’Invasion ? la veille de la Naissance. — Ce qui est vrai de la Mort et de la naissance est donc également vrai de la Décadence et de l’Invasion.

Une invasion n’est pas plus un anéantissement qu’une révolution quelconque. Si elle efface momentanément le nom d’un peuple, elle tient un autre nom tout prêt pour le remplacer : si elle nie la tradition, elle affirme l’utopie : si elle ne perfectionne pas, elle découvre ; si elle enterre le passé, elle exhume l’avenir. Elle tapisse de chairs vivaces les os des squelettes, dans les couvertures des vieux codes, elle introduit de nouveaux feuillets. — Si nous la considérons dans le temps et dans l’espace, moins étroitement que nous n’avons coutume de le faire, l’Invasion n’est qu’un échange, comme la Mort.


XIV.   Dans tous les mouvements généraux des peuples, il s’établit une circulation complète, et par suite un cou-